Paris. Vingt quatre septembre 19XX, elle nait.
« Elle s'appelle Chine si c'est une fille. Il s'appelle Andrew si c'est un garçon. Oh et puis merde, il s'appelle les deux. »Chine est contente, elle sourit. Enfin, on croit. On n'est pas sûrs, parce que vous savez, quand un bébé nait, il est toujours très moche. Chine n'échappe pas à la règle. Chine est moche à sa naissance. Elle est chauve, elle a pas de dents. son visage n'est pas encore formé correctement et ses yeux sont mis-clos. On s’efforce toujours à dire que les bébés sont mignons, mais c'est pas vrai. Chine n'échappe pas à la règle.
Ce n'est qu'à ses cinq mois qu'elle devient vraiment mignonne. Sa tête est en forme de pomme. Ses yeux sont grands et d'un vert émeraude. Ses cheveux sont digne de Nobita et ils respirent la lavande, ils sont bruns clair. Un brun qui attire la lumière. Un brun qui te fait rêver. Mais Chine s'en fout, parce qu'elle a des lentilles, maintenant.
Alors vous savez, à cet âge-là, on est tous tellement chiant mais tellement adorable. Chine n'échappe pas à la règle.
Mais passons cette période de vie si innocente et insignifiante en même temps. Enfant, à peu près tout le monde a fait la même chose. Premier anniversaire. Premier mot. Deuxième anniversaire. Premier pas. Troisième anniversaire. Première maternelle. Quatrième anniversaire. Première douche sans l'aide des parents. La vie d'un bébé, c'est pas ce qui a de plus captivant.
Ainsi Chine est née. A vécu. Entourée de son père japonais. De sa mère anglaise. De son frère. En France. Comme ça. Une enfance plus que normale. Mais même chez ces gens-là, il y a toujours quelque chose qui casse la routine. Quelque chose qui casse et qui s'installe. Ce quelque chose qui devient après quelque temps une routine.
Chérie, on va déménager. Oui bien sûr, évidemment. Alors ils sont parti, pouf. Plus de famille Makino en France. Chine n'était pas triste, Chine aimait sentir la vie en pleine gueule. Et elle l'a sentit. Oh, oui, elle a bien senti la douleur de ses oreilles, l'impression qu'on les arrachait, qu'on enfonçait des lames dedans. Cette impression tellement insupportable quand l'avion décollait. Mais bizarrement, elle aimait cette sensation. Elle aimait parce qu'elle se sentait vivante, elle sentait qu'elle voulait vivre, aussi. Chine est un peu masochiste, finalement.
Ainsi Chine, du haut de ses dix ans, fit ses premiers pas dans le sol nippon. Tokyo. C'est joli. C'est lumineux. C'est marrant. À dix ans, finalement, on s'en fiche de notre lieu de vie, si on a pas d'amis. Si, Chine était si jolie à cette époque, tout le monde lui parlait. Mais Chine a toujours été folle, alors pour elle, ils pouvaient bien crever, elle ne pleurerait presque pas. Aussi l'idée d'être loin de ses amis de France ne l'attristait pas tellement. Mais si elle pouvait le choisir, elle irait sûrement faire un tour en France, à cette heure. Et aussi en Angleterre, parce que elle n'y ait jamais allée mais qu'elle est quand même un peu anglaise.
Et elle a vécu, comme ça. Au Japon.
À seize ans, elle a rencontré Artémis.
Artémis était aussi française.
Artémis, c'était l'amour de sa vie. Artémis, Chine ferait tout pour elle.
Artémis aussi, elle aimait Chine. Elles étaient heureuses ensemble.
Mais Artémis mourra un vingt-six février d'un accident de moto. pouf. Elle disparu comme elle était venue.
Alors pour la première fois, Chine pleura de toutes ses larmes. Elle semblait si fragile, ainsi. Elle s'enferma pendant des mois. Ou peut-être plus, je ne sais pas. Artémis était la femme qu'elle aimait et elle était morte. Chine aussi était morte. mentalement.
Avant, Chine était une jeune femme paisible. Avant, elle vous parlait gentiment. Après la mort de sa bien-aimée, Chine a commencé à parler durement. Elle pouvait facilement parler amicalement, mais pas gentiment. C'était comme si ... comme si elle avait accepté qu'elle était lesbienne et que sa petite-amie était morte. C'était d'ailleurs le cas.
Alors Chine faisait sa bad girl devant qui le voulait. Elle commençait à s'énerver facilement - particulièrement quand on parlait d'amour -.
Seul tic ; sa famille ne savait pas qui elle était, son homosexualité.
« Tu me dégoutes. »
Bonjour, je m'appelle Chine et je dégoutes mon frère. Mais ses parents aussi avaient du mal à accepter. Vous savez, quand vous êtes un père homme d'affaires haut en grade et que votre fille est lesbienne, la vie est dure.
Du jour au lendemain, sa famille ne parlait presque plus à Chine.
Cette enfant si adorable. Comment elle souriait, à l'époque, lorsqu'on lui proposait une photo.
Chine est un petit peu folle. Alors elle sourit. Et elle commença à coucher avec n'importe quel inconnu qui lui plaisait en boîte. Elle sortait plus souvent. Et elle rentrait moins souvent.
Mais ainsi on découvrit que Chine n'était pas lesbienne mais bisexuelle.
À dix-neuf ans, elle rencontra Junichiro.
Et elle tomba amoureuse une deuxième fois. Mais d'un homme, cette fois-ci.
Sa famille était tellement ravie.
Et ils se marièrent peu après.
Ils s'aimaient.
Mais Junichiro était fou.
C'est probablement ce qui avait attiré Chine, d'ailleurs.
À vingt-ans, Junichiro péta. un câble.
Il en voulait à Chine qui le trompait.
Alors il lui fit cette cicatrice sur sa joue droite, un quatorze mai.
Et il faillit aller plus loin. Mais Chine appela la police à temps, elle ne voulait pas mourir.
Chine aussi, elle était folle.
Mais en rencontrant Junichiro, elle le fut encore plus.
Divorce, et puis plus rien. Chine vécu paisiblement dans la maison où ils avaient vécu, avec son mari fou. Mais elle souffrait. Mais elle était folle. La folie la rongeait peu à peu.
Elle avait perdu Artémis et Junichiro. Elle n'avait pas pu les garder dans sa boîte d'objets précieux.
Alors elle devint violente.
Sa mère était retournée en Angleterre un peu avant que la barrière ne soit créée.
Son père avait déménagé avec son frère.
Chine vivait ainsi paisiblement, elle avait déménagé dans un maison un peu plus loin, un peu moins grande. Après plusieurs mois de concentration, d'obstination, de pleurs, elle avait presque vaincu sa folie. Mais vous savez, tout le monde est fou. Mais il suffit juste d'un événement pour que la folie vainc l'homme. Elle pensait encore à Artémis. Elle aimait Artémis plus que Junichiro, alors pourquoi l'avait-elle abandonné ? Pour oublier, sans doute. Elle voulait se faire pardonner. Pardonner d'avoir trompé Artémis avec Junichiro, Junichiro avec d'autres hommes ou femmes, d'avoir lâchement abandonné sa famille pour vivre ses amours, de n'avoir même pas remarqué qu'une barrière s'était créée autour de Tokyo. Alors elle devint Supérion. Elle soupçonnait assez cette barrière. Et puis elle voulait protéger la ville. Elle n'avait plus peur de mourir, parce que de toutes façons, ainsi elle rejoindrait Artémis. Elle voulait juste être un peu utile, pour une fois, dans sa vie. Alors elle se décolora les cheveux et pris des lentilles, parce qu'elle n'aimait pas ses lunettes. Et bam. Chine était forte et intélligente, alors on la laissa être directrice adjointe.
« Hein ? Vous voulez devenir Supérion, mademoiselle ? »
« Oui. »
« Mais ma p'tite dame, c'est pas un travail pour les femmes ! Va donc faire la cuisine pour ton mari ! »
« Fais ton travail et tais-toi, j'ai pas besoin de savoir de quel sexe je suis pour pouvoir aider la ville. »
Ainsi elle est devenue Supérion un six juillet.